Une critique du tourisme régénératif :

 que doit-on régénérer?? 

Publié par On Trippe Nature- 4 mars 2024 -  Lecture 5 min 


Dans le paysage en perpétuelle évolution du voyage, une nouvelle vision émerge, une vision qui transcende les simples voyages pour devenir une force de régénération pour les communautés locales et notre environnement. Aujourd'hui, nous avons l'opportunité rare d'explorer le tourisme régénératif éclairé par Dominic Lapointe, professeur émérite au département des études urbaines et touristiques de l'UQAM. Dans cette entretien enrichissant avec Dominique, nous avons exploré les défis actuels du tourisme au Québec et explorer le potentiel du tourisme régénératif.

Dans cet article, nous plongeons dans une discussion philosophique, à la recherche de réponses essentielles : que doit-on régénérer lorsqu'on parle de tourisme régénératif? Et surtout, comment pouvons-nous concrétiser ces aspirations au Québec ?


La Quête de l'Impact Positif

L'industrie touristique, souvent vantée comme un moteur de développement, pose des défis importants. Dominique souligne comment le tourisme peut entraîner une hiérarchisation des espèces, des écosystèmes et des cultures, créant une compétition souvent basée sur des critères d'attractivité. En effet, tous ces éléments n'ont pas la même attractivité ou encore la même résonance dans l'inconscient collectif. Pourtant, ils servent de socle à la mise en tourisme. Lorsque le tourisme est effectué dans une logique marchande, ces biens communs sont mis en compétition sur des  marchés comme n'importe quel produit. De plus, le développement touristique peut influencer également la valeur foncière, provoquant des phénomènes spéculatifs et affectant les dynamiques locales.


Tourisme Régénératif : Une Réponse Possible

Face à ces enjeux, le concept de tourisme régénératif émerge comme une alternative. Cependant, Dominique met en garde contre la logique marchande du tourisme. Il souligne l'importance de dépasser la dimension quantitative pour explorer les aspects qualitatifs du tourisme, en se penchant sur la régénération des "communs". Les "communs" représentent les éléments partagés tels que des espaces naturels (air, eau, forêts, neige, etc), des valeurs, le patrimoine et des cultures locales... Le tourisme régénératif, selon Dominique, doit se concentrer sur la préservation et la régénération de ces communs, offrant une expérience unique aux visiteurs tout en contribuant à la durabilité et à la vitalité des communautés locales.


Challenges et précautions pour un Tourisme Vraiment Régénératif

Dominique met en garde contre le risque de transformer le tourisme régénératif en une simple niche et d'en faire un "buzzwod". Il souligne la nécessité d'éviter la tentation de s'attacher uniquement aux termes, mettant en avant la réflexion profonde mais nécessaire pour identifier les communs spécifiques au tourisme. Il faut donc les identifier, mais aussi définir le périmètre de ces derniers. Ce n'est seulement qu'à partir de là que nous pouvons amorcer une discussion profonde et sincère autour de la notion de tourisme régénératif. 


La métaphore de l'axolotl : 

Dominic conclut avec une métaphore captivante, utilisant l'axolotl, une salamandre au Mexique capable de se régénérer, comme symbole. Elle a la capacité de se régénérer, à recréer des tissus nerveux, des membres entiers, voire des yeux. Pourtat, l'axolotl malgré sa capacité exceptionnelle à se réparer voit son principal écosystème confiné aux aquariums de laboratoire en raison de la disparition de son milieu naturel au Mexique. Mais si telle que l'axolotl, il n'y a plus d'écosystème, il n'y a plus de contexte, il n'y a plus de milieu avec lequel rentrer en relation. Alors, c'est une régénération qui est extrêmement fragile, qui est extrêmement dépendante de facteurs externes et qui risque d'être très peu résiliente. Cela soulève une réflexion sur le tourisme régénératif : une approche trop étroite et technique peut certes créer des formes de régénération, mais sans un écosystème naturel intact, sans contexte ni environnement avec lesquels interagir, cette régénération devient extrêmement fragile et dépendante de facteurs externes. Il faut donc réfléchir à la régénération à travers une lentille relationnelle, en reconnaissant l'importance des interactions.


Conclusion : Un Appel à l'Action pour un Tourisme Régénératif

En résumé, Dominique propose de réfléchir à la régénération à travers une dimension relationnelle dense, complexe, mais riche en interactions. Cette approche, bien que philosophique, offre le potentiel de reconstruire quelque chose de plus solide, plus résilient. En résumé, cette conversation met en lumière la nécessité d'adopter une approche relationnelle et holistique du tourisme pour tendre vers la régénération. Il est important d'identifier les biens communs associés au tourisme, d'explorer des initiatives concrètes et de souligner l'importance des relations. Le tourisme reste un phénomène majeur du 21e siècle, avant la pandémie, c'était 10% de l'économie. C'est pourquoi il faut se poser la question; qu'est-ce que le tourisme? Comment le tourisme construit une partie de nos relations au monde, même lorsque l'on ne voyage pas?